Comment j'ai appris à pleurer (et le bien que ça me fait)
Crois-moi, c'est un sacré ride pour un gars né dans les années 70.
Bonjour bonsoir bonne après-midi à toi !
Je voulais te raconter une claque émotionnelle que je me suis prise il y a une semaine. Déjà pour l’archiver pour moi, mais aussi pour la partager.
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », qu’il disait le Gandhi.
J’aurais pu juste écrire cette histoire dans mon journal où je raconte mes doss du moment, mais j’aimerais voir plus de mecs ouverts à leur sensibilité, capables d’être aussi à l’aise dans leur masculin que dans leurs parts plus émotives donc je fais en sorte de le devenir.
Et de le raconter ici. Si ça peut inspirer juste UN gars, j’aurais la sensation d’avoir fait ma part du colibri.
Plus je discute en profondeur avec des mecs, plus je me rends compte de la difficulté qu’ils ont — que nous avons — à s’ouvrir aux émotions.
Ça paraîtrait presque caricatural comme ça, et je peux comprendre comment, de l’extérieur, surtout pour des femmes, c’est difficile à piger.
Mais de la même façon qu’avant d’interviewer des femmes pour parler maternité, je sous-estimais la différence de vécu dans nos cellules par rapport au fait de porter un enfant dans ses entrailles, je crois que les femmes sous-estiment la violence dans laquelle les hommes sont élevés depuis le plus jeune âge. Et que les hommes sous-estiment eux-mêmes les traumas que ça crée chez eux.
S’ouvrir aux émotions chez les gars
Cette violence qu’ils font rejaillir sur les autres hommes (le p’tit cercle vicieux de merde), mais aussi et surtout sur les femmes. Le patriarcat sa mère.
Alors j’essaie, à mon petit niveau, de faire infuser une autre façon de faire. Que ce soit à travers mes podcasts, mes écrits ou via le coaching sur la relation à l’argent.
En ce moment, j’ai 3-4 clients - des hommes - avec qui on travaille profondément sur les émotions liées à l’argent (mais pas que).
Parfois, je leur amène une question ou une remarque qui les touche et je vois leur regard changer, s’attendrir, s’ouvrir… pour, quelques instants plus tard, refermer aussi vite.
Comme un réflexe, comme si tu amènes un doigt près de ton œil. Pour se protéger. Pour éviter de ressentir cette émotion. De la tristesse, souvent.
Quand je leur demande pourquoi ils referment aussi vite, la réponse est régulièrement la même : « pour ne pas pleurer / ne pas montrer que je suis faible ».
Le problème avec les émotions, c’est que si tu en anesthésies une, tu anesthésies forcément les autres. Pont-levis levé, la forteresse est en place, y’a plus rien qui rentre, ou qui sort. Énorme armure qui empêche de Vivre. Avec un V majuscule, tout à fait.
Mon origin story des pleurs
J’ai démarré la thérapie dans un moment de chambardement énorme : j’étais dans un tel état que je ne ressentais même plus rien. Ni la joie ni la tristesse. Dévasté.
Ma psy m’a fait faire clic-clic (va donc voir cette vidéo masterclass), ça m’a aidé, beaucoup, mais c’était encore trop loin.
Régulièrement, elle me voyait au bord des larmes en séance, elle me demandait « mais pourquoi tu ne t’autorises pas à pleurer, là ? ».
J’étais infoutu ne serait-ce que de lui répondre, de ressentir pourquoi je ne m’autorisais pas, et même à sentir que j’étais au bord des larmes. Je les ravalais systématiquement.
Je crois même avec le recul que j’avais carrément honte de pleurer devant elle (quand j’y repense 🫠… ça fait un sacré chemin accompli). Quelle idée.
Non seulement je la payais pour ça, mais elle avait dû en voir des gogos chialer dans son cabinet. Mais de mon côté, je me devais d’être fort (alors que j’étais : au bout du roul).
Le jour où j’ai ENFIN fini par pleurer devant elle, ça a été un déclic. Ça m’a fait un tel bien que depuis ce jour, j’ai continué à m’ouvrir aux larmes. À m’autoriser à pleurer.
Alors attention : ça m’a pris un temps fou. Fallait pas que je retienne mon souffle, bordel.
Il a dû s’écouler plus d’un an entre les premières larmes chez la psy et des larmes inattendues devant Queer Eye (saison 1 épisode 1 et cet incroyable monsieur touchant qui avait perdu sa femme, c’est monté tout seul j’me suis surpris à pleurer aussi facilement).
Mais c’était le temps dont j’avais besoin pour m’autoriser à faire tomber l’armure. Cette armure que j’avais enfilée tout petit, où je trouvais ça trop con que les ptits mecs se tapent entre eux juste pour rire. Qu’on m’avait dit que les ptits garçons ça pleurait pas. Okay je note.
Puis je l’ai fortifiée cette armure, j’y ai rajouté des gilets pare-balles pendant le collège, des genouillères et des coudières pendant le lycée, puis d’autres couches de protection pour la vie professionnelle… breffff tu l’auras compris, ça m’a pris DU TEMPS, des années même, de tout déposer, petit à petit.
Des p’tits défis envers moi
J’en ai déjà parlé çà et là sur mes réseaux, dans mes podcasts, c’est un sujet un peu récurrent, mais je me suis ouvert avec une vraie intention de le faire, et en me collant des ptits défis au fil du temps :
De me prendre en photo à chaque fois que je pleurais. Comme pour rendre la situation plus tangible, plus réelle. De me regarder pleurer sur ces photos. De m’imprégner de ma tête, des larmes, des yeux rouges, de la morve, de regarder en face non pas la faiblesse, mais la puissance que je vivais, de me laisser aller à cette émotion (résultat aujourd’hui j’ai plein de photos de moi en train de morver dans mon tél, c’est un délire)
Ensuite, j’ai arrêté de me cacher pour pleurer, de montrer mes larmes à mes filles, à mes équipes quand ça venait dans le cadre du boulot.
L’étape d’après, ça a été de poster une photo en larmes sur Insta. J’ai perdu une centaine d’abonnés mais hé, tant pis pour eux.
Puis je me suis retrouvé à pleurer chaque semaine dans le TGV devant le nouvel épisode de Ted Lasso. Très belle auto-thérapie cette série. D’ailleurs, je parlais de pleurer dans le train il y a quelques semaines dans Le Fab & Mymy Show.
Et maintenant, non seulement je pleure mais surtout : je laisse l’émotion arriver, je la ressens et la vis pleinement, je cherche à comprendre ce qu’elle veut me dire et j’essaie de lui laisser toute sa place, peu importe les circonstances, l’environnement.
Je ne me restreins plus. Ou presque. Parce que bon, il y a parfois des ratés, parfois je ferme encore, mais je crois maintenant que quand ça arrive, je sais que je ferme, et que je le fais pour me protéger.
Parfois aussi, je peux mettre quelques heures à comprendre ce qu’il s’est passé pour moi. Mais c’est cool. Je me mets pas la pression. Je fais de mon mieux.
Et parfois, c’est totalement instantané. Ça monte, je laisse sortir et c’est tout bonnement un moment incroyable.
Un dimanche matin Carrefour - Océan - Chialade
Comme dimanche midi dernier, le jour de la fameuse claque émotionnelle dont je te parlais au début de ce texte.
On a pris la voiture de Marie, ma chérie, mis ses affaires dedans, et on est descendus l’installer au Pays Basque. J’en parlais il y a quelques semaines dans Le Fab & Mymy Show, de mon côté, je vais partager ma vie une semaine sur deux entre Paris et le 64.
On est arrivés le samedi soir sur place, le dimanche matin, direction le Carrefour du coin pour faire le plein du frigo et d’autres trucs. Deux heures, assez intenses, à courir partout et à faire en sorte de ne rien oublier, pour qu’elle soit bien dans son nouveau cocon 🫠.
En sortant du supermarché, je lui propose de prendre la route de l’océan pour rentrer. Il fait un grand soleil, incroyable pour un début de mois de février, d’autant plus génial que les jours de ciel bleu sur Paris se comptent sur les doigts d’une main depuis janvier.
Elle conduit, j’ouvre la fenêtre en grand, je sniffe les embruns tout ce que je peux, ça me réchauffe instantanément le cœur et le corps de voir l’océan et cet horizon bleu à perte de vue, ça me fait un bien fou et d’un autre côté, mon cerveau bugue totalement.
Habituellement, cette vie-là, c’est ma vie estivale, la vie des vacances, mon cortex a du mal à associer courses d’un dimanche matin + février + grand soleil + océan pleine balle.
On arrive devant une immense falaise, Marie arrête la caisse, se gare sur le côté, on sort pour s’approcher du grand bleu. Instantanément, l’émotion monte et je me dis :
« Mais je ne vais jamais vouloir rentrer à Paris »
Ni une, ni deux, je décide de changer de mood. Non, je ne veux pas être dans un état d’esprit de manque là tout de suite. Pas question.
Donc pour faire passer cette pensée, je décide tout simplement de… penser à autre chose. De me dire que je suis TELLEMENT heureux d’être là.
Je sais pas trop si c’est de la « pensée magique », j’ai pas trop creusé ce truc et à vrai dire ça ne m’intéresse pas, mais une chose est sûre, cette pensée m’a amené automatiquement d’autres pensées très positives :
J’étais heureux d’être là,
D’être là avec Marie,
De démarrer cette nouvelle vie avec elle,
De démarrer plein d’autres projets, solo et avec elle,
De me dire que c’était ça, ma nouvelle vie : aller voir l’océan en sortant du Carrouf. Incroyable.
Et à partir de là, des émotions très prononcées : de la gratitude, de la joie, une immense joie, un sourire de 12 mètres sur mon visage.
Puis j’ai pris une grande inspiration et les larmes ont coulé automatiquement. Le kif.
Marie s’est retournée vers moi, m’a vu pleurer, m’a demandé ce qui se passait, je lui ai dit en reniflant que j’étais heureux, elle a souri, m’a pris dans ses bras, j’en ai profité pour rajouter une couche de pleurs, tellement heureux de partager ses larmes avec elle, c’était chouette.
Puis on a encore passé 10 minutes à discuter quand on est retournés dans la voiture (et je pleurais toujours parce qu’après tout, pourquoi s’arrêter quand ça fait plaisir).
Je sais que les gars ont tendance à se dire que les pleurs, c’est pour les faibles.
Mais à ce moment-là, mes larmes sont l’expression d’une puissance dingue, que je ressens dans tout mon corps, et qui me permettent de connecter à la femme que j’aime. Je me sens plus vivant que jamais quand je pleure.
Gros, pleurer c’est la puissance.
PS : Je parle plus longuement de ce moment avec Mymy dans l’épisode du jour du Fab & Mymy Show 🥰
Merci de m’avoir lu, quel bonheur de vous avoir en tant que lectrices et lecteurs :)
La bise, et à bientôt !
Fabrice
Quelques nouvelles :
J’ai sorti un nouvel épisode du Journal d’une coloc avec Lyna, ma fille aînée. Des larmes, des rires et de l’introspection
Si tu l’as raté, dans Histoires de Mecs : Rémy, 63 ans, a réalisé un docu sur l’andropause (la "ménopause des hommes") (sisi)
Dans Succès : Blaguiste tout-terrain : Sami Ouladitto fait entendre sa voix et son humour sur les réseaux, sur Youtube et sur scène
🫶
Très émouvant. Pour moi qui pleure facilement, rien que de très normal. Mais je mesure ce que cela représente pour un homme. Mon ex était barricadé dans une telle armure 😭 C'est seulement lorsque je lui ai annoncé que je le quittais, après plus de 30 ans de vie commune, que le choc a fissuré cette protection d'acier qu'il a enfin eu accès à sa sensibilité... Il m'a dit qu'il avait pleuré en cachette pd 1 mois et qu'enfin il avait accès à une part de lui... Tout d'un coup il voyait la vie, ce sont les termes qu'il a employé. Tristesse de réaliser que nous ne nous étions jamais réellement rencontrés par cette protection qu'il portait. Et tout cela arrivait trop tard. Accepter que nous ayons été l'un pour l'autre un catalyseur, un accélérateur et que nos chemins se poursuivent séparément... Le mariage intérieur dont parle si bien CG Jung : faire cohabiter notre féminin et notre masculin intérieurs. Un challenge, un défi ! 🙏😊